Quel étrange paradoxe : la vitamine D est le nutriment dont on manque certainement le plus, mais aussi celui qui est incontestablement le plus étudié ! Depuis 20 ans, le nombre de publications scientifiques relatives à la vitamine D n'a cessé d'augmenter. En 2010, on retrouvait l'expression vitamine D dans le titre ou le résumé d'une étude publiée sur 300 ! C'est tout bonnement considérable...
Depuis la sortie de mon livre « Et si vous manquiez de vitamine D ? » (Éd. Mosaïque-Santé), de nouveaux résultats d'études ont été annoncés et publiés. Je vous en ai sélectionné quelques-uns parmi les plus récents. Ils ne font bien entendu que confirmer tout ce que vous pouvez déjà trouver dans mon livre.
Vitamine D et fibromyalgie
Dans le chapitre 6 de mon ouvrage, j'indique qu'une déminéralisation douloureuse du squelette due à une carence en vitamine D n'est pas toujours repérée par les médecins. On dit alors aux patients qu'ils souffrent d'un syndrome de fatigue chronique, de fibromyalgie, d'une maladie rhumatismale, ou d'une dépression. En réalité, les médecins sont juste passés à côté de la cause première des problèmes de santé rencontrés par ces patients, à savoir un déficit profond en vitamine D.
Illustration nous en est apportée une nouvelle fois avec cette étude de janvier 2012 réalisée en Arabie Saoudite auprès de 30 femmes ayant reçu le diagnostic de fibromyalgie. Leur taux sérique n'atteignait même pas 5 ng/ml, révélant ainsi un état de carence sévère en vitamine D ! Presque 2/3 de ces femmes étaient voilées. Celles non-voilées portaient aussi des tenues très couvrantes. Il ne faut pas aller chercher plus loin la raison de leur carence sévère en vitamine D, alors que toutes vivent pourtant dans un pays très ensoleillé où la synthèse cutanée de vitamine D est possible tout au long de l'année. L'administration de doses élevées de vitamine D a permis d'améliorer l'état de santé de l'ensemble des femmes ayant participé à cette étude.
Vitamine D et cancer du sein
Après analyse du dossier médical de 1800 femmes soignées pour un cancer du sein, des chercheurs ont constaté que celles qui avaient les meilleurs taux sériques de vitamine D au moment du diagnostic de la maladie, développaient des tumeurs de taille plus réduite, mais aussi que celles qui avaient un taux sérique en-dessous de la valeur plancher au moment du diagnostic, étaient davantage exposées au risque de récidive.
Vitamine D et diabète de type 2
En Espagne, près de 1000 sujets ont été suivi pendant 4 ans, et il en est ressorti que l'incidence du diabète de type 2 chez les sujets ayant un taux sérique de vitamine D inférieur à 18,5 ng/ml était de 12,4 %, contre 4,7 % chez ceux ayant un taux sérique supérieur à 18,5 g/ml. Autre donnée plus qu'intéressante : aucun des sujets dont le taux sérique dépassait la valeur plancher, soit 30 ng/ml, n'a développé de diabète de type 2.
Vitamine D et langage
Une déficience en vitamine D dès la vie foetale peut avoir de fâcheuses conséquences sur la santé du jeune enfant : faible poids de naissance, fragilité osseuse, affections respiratoires sévères, asthme infantile, susceptibilité plus grandes aux maladies auto-immunes... Une étude australienne de février 2012 nous révèle que les femmes ayant de faibles taux sériques de vitamine D au cours de leur grossesse sont presque deux fois plus susceptibles d'avoir des enfants confrontés à des problèmes d'apprentissage du langage. 743 femmes ont participé à cette étude. Leur taux sérique de vitamine D a été mesuré au cours du second trimestre de grossesse. Les enfants mis au monde par ces femmes ont été régulièrement suivis de l'âge de 0 à 17 ans. Suite à des tests d'aptitude au langage réalisés chez ces enfants à l'âge de 5 et 10 ans, les chercheurs ont pu établir une corrélation entre faible taux de vitamine D durant la grossesse et difficultés accrues d'apprentissage du langage chez les enfants, une fois ceux-ci scolarisés.
Vitamine D, allergies alimentaires et eczéma
On sait déjà que plus on s'éloigne de l'équateur – et donc des zone géographiques bénéficiant du meilleur ensoleillement -, plus les cas de sclérose en plaques, de diabète de type 1, d'autisme et même de certains types de cancers, ont curieusement tendance à augmenter. Or, selon une étude de février 2012, les enfants australiens vivant le plus loin de l'équateur sont davantage susceptibles de faire de l'eczéma et des allergies alimentaires à l'arachide et à l'oeuf, comparativement à ceux vivant le plus près de l'équateur. Cette étude a été conduite auprès de 7600 enfants dans ce pays-continent où il existe une distance d'à peu près 4500 km entre le Nord du Queensland et le sud de la Tasmanie. Pour entrer un peu plus dans le détail des résultats, parmi les enfants âgés de 4 à 5 ans, ceux vivant dans la partie de l'Australie la plus éloignée de l'équateur avaient 2 fois plus de risque de faire de l'eczéma et 2,5 fois plus de risque de développer une allergie à l'arachide. Et parmi les enfants âgés de 8 à 9 ans, ceux vivant dans la partie la plus éloignée de l'équateur avaient 6 fois plus de risque de développer une allergie à l'arachide et 2 fois plus de risque de faire de l'eczéma.
Vitamine D et démence non-Alzheimer
Une étude française pour les besoins de laquelle 40 femmes octogénaires ont été suivis pendant 7 ans, a mis en évidence qu'une carence en vitamine D était un facteur annonciateur de la survenue de démences non-Alzheimer, lesquelles représentent environ 30 % des cas de démence.
Vitamine D et dépression
Après avoir suivi 12 600 personnes pendant 4 ans, des chercheurs ont conclu à une diminution significative du risque de dépression chez les personnes ayant les meilleurs taux sériques de vitamine D. Autre enseignement : le risque de tomber dans la dépression devenait plus élevé dès lors que les participants cumulaient déficit profond en vitamine D et antécédents de dépression.
Vitamine D et risque d'AVC
16 000 personnes ont été suivies pendant 5 ans. Durant ce laps de temps, 351 d'entre elles ont été victimes d'un accident vasculaire cérébral (AVC). L'analyse des données a montré que les personnes vivant dans des contrées largement ensoleillées – et, de ce fait, plus à même d'améliorer leur statut en vitamine D – étaient moins exposées au risque d'AVC. En revanche, chez celles dont le niveau d'exposition aux rayons solaires se situait en-dessous de la moyenne, on a observé une augmentation de 60 % du risque de faire un AVC.
Vitamine D et lupus
Le lupus érythémateux disséminé (LED) est une maladie inflammatoire chronique d'origine auto-immune. Inexplicablement, l'organisme se met à considérer le tissu conjonctif (qui sert de trame de soutien aux organes) comme un élément étranger contre lequel il doit se défendre, d'où la production d'auto-anticorps. La maladie peut provoquer de l'arthrite, une insuffisance rénale, une inflammation cardiaque et pulmonaire, des troubles hématologiques, une inflammation des vaisseaux sanguins et des anomalies du système nerveux central.
Il existe toute une littérature scientifique reliant le déficit en vitamine D et l'incidence de maladies auto-immunes comme le diabète de type 1, la sclérose en plaques, la maladie de Crohn, la polyarthrite rhumatoïde et... le lupus érythémateux disséminé !
Récemment, une étude a été entreprise à Paris, à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, avec le concours de 24 patients à la fois atteints de lupus et sévèrement déficitaires en vitamine D. On leur a administré une dose de 100 000 UI de vitamine D par semaine pendant 4 semaines, puis une dose de 100 000 UI par mois pendant 6 mois, soit l'équivalent d'une dose quotidienne d'environ 4800 UI pendant 7 mois. Les chercheurs ont observé que ce traitement avait permis de stimuler l'activité des « bonnes » cellules immunitaires et de « faire revenir à la raison » certaines de celles impliquées dans la maladie. Par ailleurs, le traitement n'a occasionné aucun effet indésirable. Les résultats de cette petite étude sont très encourageants. Ils ne font que confirmer, si besoin était, les propriétés immunomodulatrices de la vitamine D.
Didier Le Bail
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